Le vélo, l'allié des Français pour le "monde d’après" ?
La crise du Covid-19 fait clairement apparaître l'avantage des déplacements à vélo, spécialement en ville. “Cette crise fait progresser les Français dans leur conscience cyclable. Mais il s’était inscrit dans la campagne pour les dernières élections municipales”, a rappelé Virgile Caillet, délégué général de l’UNION sport & cycle, en introduction de la matinale.
Un coup de projecteur bienvenu, alors qu’il ne s’est pas vendu plus de vélos en 2019 que l’année précédente et que le confinement de 55 jours a amputé le chiffre d’affaires des magasins spécialisés de cycle, selon les données de notre Observatoire du cycle. “Mais en valeur, le marché du cycle en France a encore progressé l’an passé, grâce au vélo à assistance électrique (VAE), dont le poids sur ce marché est passé de 5 % en 2012 à 45 % en 2019”, souligne Jean-Philippe Frey, responsable du pôle intelligence économique à l’UNION sport & cycle. “Nos projections tablent sur 1 million de VAE vendus en France d’ici à 5 ans contre 388 000 en 2019”.
Cyclable se présente parmi les premiers réseaux de détaillants à en avoir proposé dans l’Hexagone. “Le VAE démocratise une pratique encore très masculine, avec de plus en plus de femmes utilisatrices et des séniors”, constate Céline Forestier, sa directrice marketing et communication. “Il permet de doubler les distances faites à vélo entre maison et travail, entre 10 et 12km et 70% de leurs propriétaires disent qu’ils lâchent la voiture”.
Mais est-ce que c’est encore du sport ? “On ne m’a pas raté quand j’ai dit sur les réseaux sociaux que la trottinette, c’était une activité d’obèses, mais c’était de la provoc !”, dit François Bellanger, le directeur du programme de réflexion Transit-City. “Tout cela va dans le bon sens. Le vélo reconquiert l’espace. 60% des trajets en voiture en Ile de France font moins de 3,7 km ! Et puis Copenhague, Amsterdam, Manhattan, c’est plat, et non pas Paris !”. Tout comme la dangerosité face à la voiture, le prix du VAE peut-il être un frein à son développement ? “Il faut le comparer à un budget transport au quotidien”, répond Céline Forestier. Et le vol ? Claire Rabès, directrice des affaires publiques de l’UNION sport & cycle, souligne que l’aval et la coopération de la Police Nationale sera indispensable pour que le projet ambitieux de marquage des vélos neufs/d’occasion, dans le cadre de la loi mobilités, ait son utilité. Et de rappeler le travail commun avec la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) pour créer un fichier national pour mieux identifier les vélos et les rapprocher plus facilement de leurs propriétaires.
Si le vélo revient dans la course, pourquoi la Seine était-elle vide au moment des grèves de fin 2019/début 2020, si l’on met de côté les habituels bateaux-mouches et péniches, s’interroge Transit-City? “On réinterroge tous les espaces de la ville pour faire du sport, sauf les fleuves. Pourquoi ne pourrait-on pas aller au travail en kayak”, lance François Bellanger. “Mais avec les canicules à venir sur Paris, ça va bouger”. Le fondateur de ce think tank, qui fait partie de l’équipe qui a gagné le réaménagement de la gare du Nord à Paris avec Ceetrus (groupe Auchan), est convaincu que “d’autres objets” vont venir changer demain la mobilité.
“L’exosquelette, qui démarre pour la marche ? Des baskets de fonction ?”. Tout peut s'envisager. Mais qui seront les acteurs “des escales”, où l'on change de tenue, on prend sa douche, on gare son vélo en sécurité ? “Les salles de sport et les distributeurs n’ont pas encore investi ce champ”, affirme François Bellanger, qui a accompagné Decathlon ou Algeco dans leurs réflexions. “La question de l'aménagement de la maison pour le sport sera également cruciale, alors que le confinement a exacerbé la pratique sportive dans l’habitat. Attention, les jeunes générations n’attendent pas ! Elles ont déjà basculé dans l’autre monde”.